« Madame, vous êtes célèbre ? Vous avez fait les Jeux olympiques [JO] de Paris ? On peut avoir un autographe ? » Sur le stade dominé par les remparts de l’ancienne cité papale d’Avignon (Vaucluse), une nuée d’enfants en stage d’athlétisme a repéré le port de reine et la foulée aérienne d’Halba Diouf. En nage après avoir enchaîné les départs de 200 m dans l’air brûlant de la fin août, l’étudiante en droit de 23 ans, licenciée au club d’Aix Athlé Provence, sourit de l’ironie de la situation. L’avenir sportif international que lui laissaient entrevoir ses performances du printemps 2023 semble en effet singulièrement bouché.
« Je ne regarderai pas les Championnats du monde d’athlétisme [de Tokyo, du samedi 13 au dimanche 21 septembre], ce serait trop dur d’être devant la télé en sachant que même si j’avais réalisé les minima, je n’aurais pas eu le droit d’y participer », souffle-t-elle. Halba Diouf est née garçon et a pris sa première licence d’athlétisme en entrant au collège, mais, depuis sa transition de genre, entamée en 2021, sa carrière athlétique se joue davantage devant les tribunaux que sur la piste.
Arrivée du Sénégal avec sa mère à l’âge de 4 ans, elle a grandi dans la région de Rouen entre deux frères aînés et deux sœurs cadettes « dans une famille conservatrice aux valeurs musulmanes très fortes », explique-t-elle au Monde. « A 7 ans, je rêvais de me marier et de porter des enfants. Mes copines me disaient : “C’est impossible, tu es un garçon”, mais j’étais convaincue que je trouverais une solution pour être la femme que je suis et je priais très fort pour cela », poursuit-elle.