« Imamoglu président ! », « Droit, justice, équité ! », scande la foule à l’apparition du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, encadré par les forces de police. Vendredi 12 septembre, près d’un millier de partisans du Parti républicain du peuple (CHP, centre gauche, laïque, opposition), d’élus, d’avocats et de représentants diplomatiques sont rassemblés dans la vaste salle d’audience du tribunal de Silivri, en banlieue ouest d’Istanbul.
L’édile comparait pour la première audience du procès dans lequel il est accusé de « falsification de documents officiels ». L’affaire a conduit à l’annulation de son diplôme, le 20 mars. Face à lui, perché sur une estrade et dissimulé derrière son ordinateur, le juge déroule l’acte d’accusation. En cause, une procédure d’équivalence considérée comme frauduleuse entre l’université américaine de Girne, dans le nord de l’île de Chypre, et la prestigieuse université d’Istanbul, dont M. Imamoglu est sorti diplômé en 1994. Il encourt jusqu’à huit ans et neuf mois de prison ferme.
« Ce dossier est absurde. Cet acte d’accusation n’a pas été écrit par un procureur, mais par ceux qui savent que je vais gagner la prochaine élection [présidentielle, prévue pour 2028] », s’indigne l’accusé, qui n’hésitera pas à interrompre le magistrat par des plaisanteries acides, déclenchant les rires et les applaudissements d’un public acquis à sa cause. Alors que M. Imamoglu est le principal opposant au président turc, Recep Tayyip Erdogan, l’annulation de son diplôme l’élimine de facto de la compétition. Ironie de l’histoire, le diplôme universitaire de l’actuel président fait lui-même l’objet de doutes.