On entre dans l’immense pavillon vitré de la Biennale de Sao Paulo, signé Oscar Niemeyer, comme dans une extension intérieure du site environnant, l’emblématique parc d’Ibirapuera, poumon vert de la ville. L’exposition internationale s’ouvre en effet sur un sous-bois enchanté aux essences brésiliennes, mi-luxuriant, mi-fossilisé, installation de Precious Okoyomon. Comme toujours chez cette jeune artiste et poète nigériano-américaine, les lieux sont discrètement habités ? ici plutôt hantés, de roches fantomatiques qui se découvrent à fleur de sol au fil de la promenade.
Ce paysage incertain ouvre le chapitre 1 de cette 36e biennale, conçue comme un livre et une succession de chemins de traverse qui se répondent entre les trois étages du bâtiment. Ainsi, les œuvres du rez-de-chaussée sont parcourues par l’idée de nos connexions et appartenances au sol ? l’homme n’est-il pas étymologiquement relié à la terre par le mot « humus », son terreau ? Si l’on est d’emblée conquis par la force des œuvres exposées dans l’espace monumental du pavillon, les visiteurs butent vite sur le titre quelque peu alambiqué de l’exposition : « Not All Travellers Walk Roads of Humanity as Practice », soit en français « tous les voyageurs n’empruntent pas les routes de l’humanité comme pratique ». Le début est une citation d’un poème de la Brésilienne Conceiçao Evaristo, à laquelle a été greffée l’idée de l’humanité comme pratique, comme on parle de pratique artistique.