Petite, quand d’autres filles de son âge rêvaient de devenir princesses, Natasha Brown se voyait actuaire. Evaluer les risques paraissait le comble du bonheur à cette enfant biberonnée aux mathématiques appliquées. L’écrivaine, née en 1990, diplômée en maths à Cambridge, et qui a travaillé pendant dix ans dans le secteur bancaire à Londres, assume pleinement son côté « geek » avec Les Universalistes. Mûri depuis longtemps, ce deuxième roman est un ovni littéraire reçu outre-Manche comme une satire brillante de l’Angleterre post-Brexit.
Entre deux cliquetis de tasse de thé, l’autrice, rencontrée fin mai à Paris, le présente comme une tentative de comprendre comment la révolution technologique influence les médias. Débutant par « L’amour de l’or », un reportage fictif sur une agression et le vol d’un lingot d’or au sein de la communauté anarchiste des Universalistes, qui squatte la ferme d’un milliardaire dans le Yorskhire, le livre change de focale ensuite pour continuer comme un roman classique, avec des chapitres qui donnent le point de vue des protagonistes du fait divers : Hannah, une jeune pigiste désargentée, autrice du reportage ; Lenny, une éditorialiste « antiwoke », qui a sollicité Hannah et, avec ce sujet juteux, a contribué à relancer leurs deux carrières ; et, enfin, Richard, un as de la finance, qui n’est autre que le propriétaire du lingot d’or et de la ferme où s’est joué le drame.