« “C’est toi, Rim !”, m’a dit ma mère en lisant l’intitulé du casting : “Une ado pas trop grande, d’origine maghrébine, avec des cheveux noirs et bouclés, un regard mystérieux.” J’avais 11 ans, je faisais du théâtre au Cours Florent, et mon rêve, c’était de jouer dans un film. Je ne viens pas d’une famille dans le cinéma : ma mère est kiné, mon père ostéo en région parisienne. Ma maman m’a inscrite et m’a emmenée faire le test. C’est comme ça que j’ai joué Mouna dans le film Reine mère, de Manele Labidi [sorti en mars 2025]. Ça parle d’une famille tunisienne installée dans un quartier bourgeois à Paris, le père travaille beaucoup et la mère s’occupe de ses filles. Ils ont des problèmes d’argent. Leur fille aînée, que j’interprète, ne se sent pas très bien dans sa peau et reçoit la visite d’un ami imaginaire : Charles Martel, le chef des Francs connu pour avoir arrêté l’“invasion musulmane” en 732.
Ce casting m’impressionnait beaucoup, c’était comme s’il allait définir ce que j’allais devenir. La scène que je devais jouer racontait un moment où mon personnage dialogue avec son ami imaginaire. Je m’étais entraînée avec ma mère, elle m’avait fait répéter le texte. Sur le coup, j’ai un peu bégayé. Mais ça a vite été mieux, parce qu’en jouant ce n’était pas moi, c’était un personnage.