Planté sur une piste de cirque entre une carriole vétuste et un cerceau d’acrobate irisé, Christophe Honoré ne sait pas encore très bien comment finira cette Bovary Madame, qu’il met en scène au Théâtre Vidy-Lausanne du 17 septembre au 8 octobre. Deux semaines avant la première, la scène de fin est en chantier, et il n’a pas dit son dernier mot non plus sur les précédentes.
Jusqu’à l’ultime filage de la pièce, il va couper un dialogue, ajouter une vidéo, bousculer un décor. Et « sans doute », dit-il, supprimer le morceau de Moussorgski que Ludivine Sagnier, touchante Emma Bovary en crinoline rouge-noir, étudie depuis des mois au piano. « Je ne joue pas bien, c’est une punition », confie l’actrice, devant l’ingrate partition ouverte dans sa loge.
Ce chaos délibéré, c’est la méthode Honoré au théâtre. Un rituel inspiré de l’écriture de plateau, qui fait des comédiens des créateurs et bouscule la scène contemporaine depuis quatre décennies. Surtout connu pour son cinéma (Les Chansons d’amour ; Plaire, aimer et courir vite ; Marcello mio…), Honoré insuffle à ce procédé de mise en scène sa passion pour l’image, avec des caméras mobiles, des vidéos enregistrées, des lumières de dancing.