Des experts nommés par le ministre de la santé, Robert F. Kennedy Jr, ont voté, jeudi 18 septembre, pour modifier les recommandations vaccinales sur la rougeole, contre l’avis de scientifiques et de médecins.

Citant le risque d’effets secondaires, pourtant minimes et sans gravité, associés au vaccin combiné contre la rougeole, les oreillons, la rubéole et la varicelle (RORV), ce nouveau comité consultatif sur les pratiques de vaccination (ACIP) a décidé de cesser de le recommander pour les enfants de moins de quatre ans.

La vaccination de cette classe d’âge contre ces maladies sera désormais privilégiée via deux injections séparées : une contre les trois premières maladies (ROR) et une contre la varicelle.

Divers spécialistes avaient pourtant mis en garde contre une telle mesure qui sèmerait, selon eux, inutilement le doute et compliquerait l’accès à ces vaccins. « Tout changement devrait renforcer et non affaiblir le système qui garantit la santé de nos enfants », a condamné auprès de l’Agence France-Presse (AFP) Syra Madad, épidémiologiste.

Les taux de vaccination du pays évoluent à la baisse depuis la pandémie de Covid-19 et font craindre un retour en force de maladies contagieuses mortelles, comme la rougeole qui a déjà fait trois morts en 2025 dans le pays, une situation inédite en plus de trente ans.

« C’est une nouvelle stratégie visant à effrayer les parents », a regretté auprès de journalistes Sean O’Leary, spécialiste en maladies infectieuses et pédiatrie, alors que cette modification des recommandations pourrait être suivie d’autres. Le comité s’est ainsi penché sur la vaccination des nouveau-nés contre l’hépatite B et prévoit d’étudier, vendredi, les vaccins contre le Covid-19.

D’autres vaccinations, notamment pour les femmes enceintes, seront réexaminées ultérieurement, a annoncé Martin Kulldorff, biostatisticien à la tête du groupe. Ouvrant la réunion sur une tonalité défensive, il a assuré que le comité était « provaccin » contrairement aux « allégations fallacieuses », alors que le comité avait déjà suscité des critiques en faisant la promotion de thèses antivax fin juin. « Lorsqu’il existe des opinions scientifiques divergentes, ne faites confiance qu’aux scientifiques qui sont prêts à dialoguer et à débattre publiquement », a-t-il lancé.

De quoi faire bondir Wilbur Chen, médecin infectiologue. « Ils n’ont pas l’intention de débattre en s’appuyant sur une science solide », tempête-t-il auprès de l’AFP. « Ils ne font que répéter des informations erronées et falsifiées ».

Lors de la réunion, des spécialistes se sont relayés pour présenter des données et avis sur les vaccins examinés, certains exhortant à ne pas changer les recommandations. « Vous vous fondez sur des données très limitées et vous donnez une image fausse de la façon dont cela fonctionne », a ainsi tonné Jason Goldman, représentant d’une association de médecins.

Concernant un changement sur le vaccin sur l’hépatite B, qui sera voté vendredi, Cody Meissner, professeur de pédiatrie au Dartmouth College, et seule voix dissidente du comité, a lui aussi manifesté sa réticence : « Ce vaccin est absolument sans danger » et, en agissant de la sorte, « nous allons créer de nouveaux doutes injustifiés dans l’esprit des gens ».

Les recommandations que formule ce comité dictent notamment la prise en charge ou non des vaccins par certaines assurances et programmes de vaccinations. Un détail important dans un pays où le prix d’un seul vaccin peut s’élever à plusieurs centaines de dollars.

Dans ce contexte tendu, l’académie américaine de pédiatrie (AAP) et plusieurs Etats dirigés par l’opposition démocrate ont récemment décidé de publier leurs propres recommandations vaccinales, estimant que celles émises par ce comité ne pouvaient plus être jugées fiables.

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