Le compte à rebours était lancé : 490, 466, 459… Ces trois dernières années, le nombre de romans publiés pour la rentrée littéraire n’a cessé de reculer. Puis, cette année, voilà que les chiffres repartent à la hausse, pour atteindre 484 romans. La parution, dans ce contexte de reprise, des Dernières Ecritures, d’Hélène Zimmer, n’est pas sans ironie, puisque la romancière y joue avec le postulat que la littérature pourrait un jour atteindre son terme. A l’heure de la sixième extinction de masse, ne serait-il pas temps d’envisager une potentielle extinction de l’écriture ?
Au cœur du quatrième roman de l’écrivaine se trouve un autre livre : Le Bilan, « un bouquin écrit par une cohorte de scientifiques » et faisant l’inventaire des bouleversements environnementaux, sorte de double fictif d’un rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Un beau jour, sans préméditation, Cassandre Mercier, professeure de français au collège, annonce à ses élèves et à ses collègues qu’elle « lâche le programme » et qu’elle fera désormais « étudier Le Bilan jusqu’à la fin des temps ». Pour l’enseignante, l’époque des métaphores est révolue : « Car direz-vous autre chose que le feu le jour où vous verrez les flammes embraser les nuages ? Parlerez-vous de brûlures d’orgueil tressées vers le ciel ? » Les grandes questions ne tardent pas à arriver dans ce roman qui joue cartes sur table et souligne consciencieusement les vertiges provoqués par sa mise en abyme inaugurale.