Fabrice, Kiang ou Jacques ont été déçus en parlant investissement responsable avec leur banquier, ont-ils raconté au Monde. « Il m’a répondu n’avoir aucun produit me garantissant un impact social et environnemental », raconte Kiang. Celui de Jacques s’est contenté d’un « sourire ironique », tandis que Fabrice a été encouragé à « regarder lui-même ce qui existait et à choisir seul ».
A les croire, rien n’a changé depuis les visites mystères de l’Autorité des marchés financiers (AMF), menées entre septembre 2023 et mars 2024. Au cours de 182 rendez-vous, ses enquêteurs se sont présentés à 12 grandes banques comme désireux d’investir durable. Résultat : deux visiteurs mystères sur trois ont trouvé que leur interlocuteur ne connaissait pas suffisamment le thème. Concernant les rares à qui l’on a proposé un investissement – 110 visites sur 182 n’ont abouti à aucune offre –, le produit ne correspondait pas aux préférences de six prospects sur dix.
Faute de les avoir comprises ? « Quand le conseiller transmet uniquement des listes de produits et se contente d’ouvrir un compte-titres, il est dispensé de questionner le client sur ses préférences en matière de durabilité », explique Florence Corne, adjointe à la directrice des relations avec les épargnants et de leur protection à l’AMF. A l’inverse, pour lui proposer un placement financier, il doit le soumettre à un questionnaire encadré par les autorités de marché européennes, qui comporte une partie « durabilité » depuis 2022.
Si le prospect répond non à la première question, « êtes-vous intéressé par la durabilité ? », l’échange s’arrête.
S’il répond oui, le conseiller doit poursuivre pour aider le client à définir ce qu’il entend par là. Et donc maîtriser les nébuleux concepts de l’univers de la finance durable. Par exemple SFDR, pour Sustainable Finance Disclosures Regulation, ce règlement européen qui pose le cadre de l’investissement durable : il doit contribuer à un objectif environnemental ou social, sans y causer de préjudice, et financer des sociétés aux bonnes pratiques de gouvernance. Ou encore la taxonomie, sorte de barème de durabilité des activités économiques.