Enterré par une industrie en quête de sang neuf, le quiet luxury – cette esthétique où tout semblait dépouillé, sauf le prix – a laissé la place, en maroquinerie, à une explosion de grigris chamarrés, en cuir, en maille ou en corde, à accrocher à une lanière ou à une fermeture Eclair, pour égayer son sac. « Les clientes ont l’esprit joueur et l’envie de personnaliser », constate Florence Ioos, acheteuse maroquinerie aux Galeries Lafayette, qui proposent un éventail de « bijoux de sacs », à tous les prix et dans tous les styles.
De fait, l’offre s’avère variée, tant du côté des maisons de luxe, avec poulpe ou cheval chez Hermès, fleur ou paire de mocassins chez Miu Miu ou étoile de mer chez Loewe, que de celui des marques plus grand public, avec bretzel ou cerises chez Coach, citron ou pastèque chez Maison de Sabré, basket ou console de jeu chez Shouïa et fraise ou donut chez Salty as a Beach. L’inspiration originelle ? Une Jane Birkin peu maquillée et radieuse, avec son sac Hermès aux anses ornées de scoubidous ou de porte-clés bohèmes…
A l’heure où les sacs en cuir griffés connaissent une inflation bien supérieure à la seule envolée du prix des matières premières, « le bijou de sac prospère, car il devient, pour certains, la porte d’entrée dans l’univers d’un grand nom du luxe », note Florence Ioos. Et ce, sans avoir peur d’en superposer : « Le but est tout à la fois de se créer un colorama et que ça fasse gling-gling ! » Balenciaga va jusqu’à commercialiser son modèle Rodeo avec, inclus, un déluge de charms en forme de cadenas, de cœur, d’étoile, de chats kawaï ou de pompons, et en faisant gonfler le prix au passage (de 4 650 euros sans à 9 700 euros avec, pour un sac grand format).
Jusqu’où cette tocade régressive ira-t-elle ? Depuis le début de 2025, la faune mode la plus avertie se pique aussi de rhabiller ses sacs à main de Labubu, une figurine velue d’une dizaine de centimètres, créée par la chaîne chinoise Pop Mart, avec oreilles de lapin, dents aiguisées et grands yeux hallucinés, vendue à partir de 35 euros l’unité. Comme un éloge du second degré, à porter en bandoulière.