Les fidèles de ces colonnes connaissent Ilaria Gaspari. Dans sa chronique « Figures libres », Roger-Pol Droit leur a vanté plusieurs des ouvrages allègres et intelligents de cette Italienne formée à l’Ecole normale de Pise et à la Sorbonne. Jusqu’ici, c’est donc comme philosophe – autrice de Raisons et sentiments (Plon, 2024) ou de Leçons de bonheur (PUF, 2020) – qu’on avait pu l’apprécier. Or, voici que les éditions Le Bruit du monde nous donnent l’occasion de la découvrir sous un autre visage, celui de la romancière.
La fiction, l’écrivaine y avait déjà touché avec L’Ethique de l’aquarium (Grenelle). Mais c’était en 2017, et cette traduction était passée relativement inaperçue. Dans Une rumeur dans le vent, elle y revient en s’inspirant d’un fait divers survenu à Orléans, en 1969. Cette année-là, une rumeur se répandit : des jeunes femmes auraient été enlevées dans les cabines d’essayage d’une boutique de prêt-à-porter tenue par des juifs, avant de se retrouver prisonnières d’un réseau de « traite des Blanches » et de prostitution. Le sociologue Edgar Morin a même écrit un essai sur cette légende urbaine (La Rumeur d’Orléans, Seuil, 1969) qui, loin de se cantonner à l’Orléanais, s’exporta ensuite vers d’autres pays.