Le ministère de la justice américain a annoncé, mardi 14 octobre, la mise en examen du président d’un consortium cambodgien, baptisé Prince Group, pour son rôle présumé dans une gigantesque opération criminelle d’escroqueries par Internet. Quelque 27 271 bitcoins, l’équivalent de 12,3 milliards d’euros, ont également été saisis.
Chen Zhi, 38 ans, est accusé d’être à la tête d’un immense réseau d’escroqueries dites au « pig butchering », consistant à gagner la confiance de personnes via des messageries électroniques, le plus souvent en ayant une relation romantique avec elles. Les escrocs manipulent ensuite leurs victimes pour les inciter à investir dans de faux placements en cryptomonnaies, ou à leur verser directement de l’argent. Redoutablement efficaces, ces arnaques génèrent de dizaines de milliards de profits dans le monde chaque année.
Dans de nombreux cas, les petites mains de ces réseaux sont elles-mêmes les victimes de trafiquants d’êtres humains, et « travaillent » dans des conditions parfois proches de l’esclavage pour le compte de groupes principalement installés en Asie du Sud-Est. Chen Zhi a également été mis en examen, aux Etats-Unis, pour son recours présumé au « travail forcé, au blanchiment d’argent, à la fraude à l’investissement et au vol », d’après le communiqué du ministère de la justice.
Chen Zhi, né en Chine, n’a pas été interpellé et est recherché, selon les enquêteurs américains. Prince Group, qui compte une centaine de sociétés, est soupçonné d’avoir été une simple vitrine légale pour ses activités criminelles et a été placée en parallèle sur une liste de sanctions internationales par les Etats-Unis. L’homme est également soupçonné d’avoir pu jouer par le passé un rôle d’entremetteur pour le compte des services de renseignement chinois.
Les enquêteurs américains n’ont pas détaillé comment ils avaient pu saisir les 12,3 milliards d’euros en bitcoin liés au groupe. Il s’agit de la plus importante saisie jamais réalisée par le ministère de la justice américain, à laquelle s’ajoutent environ 150 millions d’euros de biens immobiliers saisis à Londres, dans le cadre de la même procédure.