Perpétuité. Etrange titre pour un roman dont l’action se déroule sur une seule nuit. Etrange, certes, mais d’une logique implacable pour un ouvrage qui se déroule dans une maison d’arrêt. Comme les orphelinats ou les hôpitaux, les prisons sont des lieux où le temps n’est pas le même qu’ailleurs. Il s’y dilate, ronge les consciences, trompe les êtres, ceux qui sont incarcérés comme ceux qui les gardent.
C’est à ces derniers que Guillaume Poix s’intéresse dans ce quatrième roman. Pourquoi les surveillants et non les surveillés ? S’il y a, clairement, une volonté de mettre la lumière sur ces fonctionnaires anonymes, se ressent surtout la rigueur morale de l’auteur, qui refuse de parler à la place de ceux qui vivent les uns sur les autres, qui doivent couvrir les trous des canalisations pour éviter que les rats ne remontent, tous « ces hommes parqués, inlassablement comptés et recomptés, fouillés intégralement, entassés pour leur bien et celui de cette chose difficilement identifiable que l’on nomme société (…), coupables, détestables, ennemis de l’ordre et de la concorde ».