Allongée sur son canapé et tout juste éclairée par la lumière diffuse d’une lampe d’appoint, Etsuko (Yoh Yoshida) apparaît à l’écran plongée dans le sommeil. La caméra cadre son visage alors qu’elle ouvre les yeux, le cœur haletant, rattrapée par un chagrin. A quoi pouvait-elle bien rêver ? De cette demeure occidentale, on bascule ensuite en journée dans un intérieur japonais, à Nagasaki, en 1952. Etsuko (Suzu Hirose), enceinte de son premier enfant, est une femme au foyer dévouée qui fantasme sur les images de vedettes hollywoodiennes.
Tout Lumière pâle sur les collines, adaptation par le réalisateur Kei Ishikawa (A Man, 2024) du premier roman de Kazuo Ishiguro (Gallimard, 1984), se joue dans ce va-et-vient constant entre deux continents et deux époques, l’Angleterre des années 1980 et le Japon des années 1950, entre la réalité et la rêverie, dans un contraste de bleu et de jaune qui traverse chaque segment.
Cette bipolarité faite de nombreux jeux d’oppositions, d’échos et de miroirs se construit aussi autour de duos féminins. A l’époque contemporaine, Etsuko reçoit la visite de Niki (Camilla Aiko), sa fille cadette issue d’une deuxième union, qui a un projet d’écriture secret autour de Nagasaki. Dans les années 1950, Etsuko se lie avec sa voisine Sachiko (Fumi Nikaido), une mère célibataire décriée qui rêve de quitter le pays avec son amant, un soldat américain en mission au Japon.