On l’appelle la Porte du non-retour. A Ouidah, au Bénin, se dresse, face à la mer, une grande arche commémorant la tragédie de l’esclavage. Des bas-reliefs en bronze représentent des foules d’hommes et de femmes à moitié nus, mains liées derrière le dos, marchant dans la poussière vers les navires négriers. Parmi les femmes figurent celles que l’on surnommait à l’époque les « amazones », des guerrières connues pour leur vaillance au combat. Avant d’être capturées par les Européens, elles constituèrent le grand régiment militaire féminin du royaume du Dahomey – lequel exista jusqu’à la fin du XIXe siècle. De ces amazones on disait qu’elles étaient unies au roi, mais que « le couteau était leur vrai mari et le sabre leur amant ».

C’est la force de caractère de l’une d’elles, Mama Aza, la grand-mère de la narratrice, qui plane sur Nous serons tempête, le cinquième et somptueux roman de Jesmyn Ward. Deux fois lauréate du National Book Award, l’écrivaine américaine – elle est aussi professeure de littérature à l’université Tulane, en Louisiane – a toujours eu à cœur de faire entendre les voix étouffées de son pays. Après Bois sauvage, Ligne de fracture et Le Chant des revenants (Belfond, 2012, 2014 et 2019), elle quitte ici le Sud contemporain des Etats-Unis pour plonger dans l’Amérique esclavagiste du XIXe siècle.

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