« Il faut écrire, Marie-Thérèse, il faut écrire. » La citation de Marguerite Duras, en exergue du nouveau livre de Christine Montalbetti, L’Histoire de Marie-Thérèse, dit quelque chose du jeu de miroirs qui y opérera tout du long. Dès le départ, quand le projet initial devait se concentrer sur la vie de cette dernière, se pose en réalité une équation à trois inconnues : Marie-Thérèse, Montalbetti, Duras. Car Marie-Thérèse, avant de confier son histoire à Christine Montalbetti, a connu Marguerite Duras, cliente de sa célèbre pâtisserie trouvillaise, Charlotte Corday, dans les années 1980. C’est elle qui, en lui conseillant de visiter le cimetière de Vauville (Manche), sera d’une certaine façon à l’origine du texte La Mort du jeune aviateur anglais, cet « enfant » de 20 ans, tué en 1944.
Des histoires dans l’histoire, il y en a plusieurs dans le livre (celles inventées par Marie-Thérèse pour ses petits-enfants, celles que l’autrice enjoint le lecteur à imaginer, celles qu’elle-même se racontait enfant) ; chez la romancière, écrire est une aventure collective dans laquelle, en même temps qu’elle, protagonistes et lecteurs sont encouragés à créer. Il s’agit toujours pour Christine Montalbetti de rendre compte de l’expérience du sensible, de « ce que c’est qu’une existence », pour reprendre un de ses titres. Ce que c’est qu’une histoire, aussi, puisque les deux problématiques sont liées et sous-tendent l’ensemble de son œuvre.