Le tribunal correctionnel de Paris a condamné, vendredi 31 octobre, les auteurs de tags antisémites tracés sur le Mémorial de la Shoah dans la nuit du 13 au 14 mai 2024, une opération considérée comme faisant partie de la campagne de déstabilisation lancée par la Russie contre la France. Des peines allant de deux à quatre années de prison ont été prononcées contre quatre ressortissants bulgares – dont l’un est en fuite –, selon qu’ils aient peint les pochoirs représentant des mains ensanglantées, filmé le résultat ou organisé l’action. La dégradation a été commise « en raison de l’appartenance de la victime à une religion déterminée », a estimé le tribunal.
Ce jugement, globalement conforme aux réquisitions du ministère public, est assorti d’une interdiction définitive du territoire français à l’issue. Les prévenus, qui ont déjà effectué entre douze et quinze mois de détention provisoire, retournent en prison.
Même inopérante sur le plan juridique – les faits ont été commis avant que soit créée, en juillet 2024, l’infraction punissant les délits commis « au service d’une puissance étrangère » –, l’ombre de l’ingérence étrangère a plané tout au long de ce procès, le premier à concerner une longue série de déstabilisations mêlant actions matérielles et campagnes en ligne. En rendant sa décision, la présidente, Nathalie Malet, a bien mentionné « une ingérence qui n’est pas contestable et qui ressort clairement de ce dossier, une action coordonnée depuis l’étranger menée dans un but hostile, pour agiter l’opinion publique, appuyer sur des clivages déjà existants et fracturer un peu plus la société française ».