L’assassinat de sang-froid à Marseille du frère d’un militant associatif contre l’emprise du narcotrafic dans la ville a suscité l’horreur et témoigne des risques que fait courir à la société française la diffusion des méthodes brutales des cartels de la drogue. La réponse répressive est indispensable et urgente, mais elle ne saurait être la seule pour lutter efficacement contre un phénomène qui se nourrit aussi de l’absence d’une politique cohérente de santé publique.
La réunion contre le narcotrafic convoquée dans l’urgence mardi 18 novembre par le président de la République est révélatrice d’une approche uniquement centrée sur la répression, et dont on peut constater depuis un demi-siècle les limites sur le long terme. En effet, les professionnels de santé en ont été exclus.
Il est légitime et indispensable de lutter vigoureusement contre l’emprise progressive des entreprises mafieuses sur les quartiers et, au-delà, sur son essaimage sur tout le territoire. Mais cette action de la police et de la justice s’accompagne à tort de l’idée que la répression est aussi le seul levier qui doit être employé contre les consommateurs. Cette logique normative et mécaniciste doit être évaluée, au-delà de toute considération morale, à l’expérience de ses échecs depuis des décennies. La diffusion des drogues illégales défie les coups de menton prétendument volontaristes et l’idée que seule la répression des consommateurs peut venir à bout du problème.
En matière de stupéfiants, les objectifs d’une politique de santé sont souvent présentés à tort comme complaisants envers l’usage des drogues. Ce n’est jamais le cas car les professionnels de l’addictologie ont une claire conscience de l’importance des risques et des dommages pour les personnes et pour leur entourage. Mais prévenir les usages et aider les usagers à sortir de leur dépendance sont des œuvres de longue haleine pour lesquels les a priori doivent céder la place concrètement et intellectuellement à la science et aux expériences évaluées.