« Il serait tentant de tisser des liens et des comparaisons entre les œuvres d’Olivier Messiaen et de Carlos »

C’est une hallucination visuelle parmi d’autres. Quand je ferme les yeux et que je pense à Olivier Messiaen (cela m’arrive), je le vois vêtu de son grand pantalon qui remonte jusqu’au sternum, d’un béret (mais pas toujours), de lunettes à la mode de chaque époque, d’une écharpe tricotée à la main, bariolée (mauve, marron, bleu), ainsi que d’une chemise à fleurs, type hawaïen.

Sur les photos, tout est conforme à la manière dont je me représente le compositeur, à un détail près : les chemises qu’il arbore sont certes colorées mais de type provençal, d’inspiration Souleiado. Je ferme de nouveau les yeux : l’hawaïen persiste.

Est-ce dramatique ? Absolument pas. Quand bien même j’éprouve une certaine gêne : un jour de laisser-aller ou de fatigue, j’en viendrais presque à faire fusionner le compositeur de la Turangalîla-Symphonie et le chanteur Carlos.

J’essaie de comprendre. L’« hawaïanisation » de la pizza (l’ajout de tranches d’ananas) a soulevé de telles controverses chez les amateurs de ce plat que je ne voudrais pas provoquer un séisme équivalent dans le monde feutré de la musique contemporaine. Et faire du tort à un musicien que j’adore.

Il serait tentant de tisser des liens et des comparaisons entre leurs œuvres respectives : Le Tirelipimpon (Carlos, donc, en 1989) n’a pas le dixième de l’érotisme funeste d’Harawi (Messiaen, en 1945), chant d’amour et de mort d’inspiration péruvienne. Le Big Bisou (1977) surjoue la tendresse du Baiser de l’Enfant Jésus (1944). Les oiseaux chez Messiaen dialoguent avec le perroquet de la pub Oasis. Il y a chez les deux un goût pour l’ailleurs : l’un se tenant la tête dans les étoiles ; le second les pieds dans le sable.

A ce petit jeu de comparaison, on pourrait aller plus loin encore mais ce ne serait pas raisonnable. En se contorsionnant un peu, il serait sans doute possible de trouver des liens entre Messiaen et le gaulliste Couve de Murville.

Concentrons-nous sur la chemise hawaïenne. Ce qu’elle exprime, ce sont les vacances, la décontraction (Tom Selleck dans la série Magnum), les tropiques et les océans limpides. Mais c’est aussi, et surtout, une jubilation de la couleur.

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario