Quelque 2 000 personnes – plus de 3 000 selon les organisateurs – ont répondu, jeudi 21 août à Tunis, à l’appel à manifester lancé par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la principale centrale syndicale de Tunisie. Les participants réclamaient la défense du droit syndical, la reprise des négociations salariales et dénonçaient les tentatives d’intimidation récentes visant l’UGTT. Une mobilisation d’ampleur équivalente, voire inférieure, à celle du 4 mars 2023, organisée par la centrale pour condamner la dérive autoritaire du régime et l’arrestation de plusieurs syndicalistes.
Si le bras de fer « désormais frontal », selon l’ancien ministre des droits de l’homme Kamel Jendoubi, s’intensifie entre le président Kaïs Saïed et l’UGTT, la centrale, qui revendique près d’un million d’adhérents, peine à mobiliser largement ses troupes. « Il y a une forme de résignation depuis des années, les manifestations ne rassemblent plus autant qu’avant », observe Hatem Nafti, auteur de Notre ami Kaïs Saïed, essai sur la démocrature tunisienne (Riveneuve, 2024).
Selon l’essayiste, la lassitude causée par une décennie de transition démocratique mouvementée et la peur suscitée par la politique de Kaïs Saïed depuis son coup de force du 25 juillet 2021 – il s’était arrogé les pleins pouvoirs en suspendant le Parlement – ne suffisent pas à expliquer la mobilisation limitée de l’UGTT. La centrale traverse une profonde crise interne, marquée par des divisions persistantes. « La direction est contestée et certains courants politiques de l’UGTT continuent de soutenir Kaïs Saïed », souligne Hatem Nafti.