Les soutiens de l’ancien vice-président Riek Machar, inculpé jeudi 11 septembre pour « crimes contre l’humanité », ont appelé lundi à la mobilisation en vue d’un « changement de régime » au Soudan du Sud, semblant rapprocher toujours plus ce pays pauvre et instable d’un nouveau conflit.

Riek Machar a été inculpé jeudi pour crimes contre l’humanité, selon le ministère de la justice. Il lui est reproché d’avoir participé à la coordination, avec sept coaccusés actuellement détenus, d’une attaque contre une base militaire par l’« armée blanche », une milice accusée par le pouvoir de collaborer avec lui.

Les huit hommes sont poursuivis pour « meurtre », « terrorisme et financement d’actes terroristes », « trahison » et « conspiration », ce que nient leurs soutiens. Treize autres personnes accusées des mêmes faits sont actuellement en liberté.

L’arrestation, fin mars, de M. Machar avait déjà alimenté les craintes d’un nouveau conflit, près de sept ans après la fin d’une guerre sanglante entre ses partisans et ceux du président Salva Kiir, qui a fait quelque 400 000 morts et 4 millions de déplacés entre 2013 et 2018.

Le régime actuel est « une dictature en devenir, [qui] sabote la paix (…) et détient le pouvoir illégalement et par la violence », affirment les soutiens de M. Machar dans un communiqué. Ils appellent aussi « tous [les] partisans, membres des ailes politique et militaire [du parti de M. Machar], les citoyens de la République du Soudan du Sud à se présenter pour le service national afin de défendre les citoyens et le pays, et à utiliser tous les moyens disponibles pour reprendre le pays et sa souveraineté ».

Cette déclaration, postée sur le réseau social X par le secrétaire de M. Machar, Puok Both Baluang, semble rapprocher dangereusement le Soudan du Sud, pays parmi les plus pauvres au monde, d’un nouveau conflit.

Un accord de paix a mis un terme au bain de sang en 2018, actant un partage du pouvoir entre les deux protagonistes. Mais le pays est resté miné par les luttes de pouvoir, la corruption et les conflits ethniques locaux.

Le 3 mars, une attaque commise par l’« armée blanche » a tué « plus de 250 soldats » ainsi qu’un major général sud-soudanais et un pilote onusien, à Nasir (Nord-Est), selon le ministre de la justice. « Les accusations sont montées de toutes pièces », ont mis en garde, vendredi, les soutiens de M. Machar, avertissant que le gouvernement sud-soudanais était désormais « seul responsable de l’abrogation » de l’accord de paix.

Interrogé vendredi par l’Agence France-Presse (AFP), le ministre de l’information sud-soudanais, Michael Makuei, a toutefois estimé qu’il n’y avait « aucune crainte à avoir », Riek Machar ne devant pas connaître l’impunité « simplement parce qu’il y a des craintes » qu’un conflit « puisse survenir ». « Il n’y a pas de guerre civile maintenant. Pourquoi s’inquiéterait-on ? », a-t-il encore affirmé.

L’attaque de Nasir a été suivie par plusieurs semaines de vives tensions dans le pays, marquées par des frappes dans le Nord-Est et des tirs d’artillerie près de la capitale. Des combats isolés ont plus récemment eu lieu dans le Sud. L’ONU estime que quelque 900 personnes sont mortes entre janvier et mi-avril du fait des soubresauts politiques.

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