Une cinquantaine de clubs concernés dans le monde en 2016, environ 400 en 2025, dont une douzaine dans la Ligue 1 française : la vague de la « multipropriété » déferle sur le football mondial. Elle a même atteint les bancs de l’Assemblée nationale, où une proposition de loi transpartisane visant à « lutter contre [ses] dérives » doit être déposée dans la semaine du 15 septembre.
La multipropriété désigne la détention majoritaire ou minoritaire, par une même entité, de plusieurs clubs dans différents championnats et divisions. Pour les investisseurs, il s’agit de lisser les risques et de mutualiser les ressources. Pour les clubs les plus riches, de se tenir au sommet d’une pyramide d’« équipes filiales » mises à leur service, en exploitant notamment un vivier élargi de joueurs.
Ce dernier stade (en date) de la financiarisation du football menace évidemment l’équité des compétitions en créant des risques d’entente, accentue les dynamiques inégalitaires et favorise les transferts douteux de joueurs et de fonds. Les clubs succursales sont gérés à d’autres fins sportives que les leurs, livrés aux priorités et aux revirements de la maison mère.
La confédération européenne du football, l’UEFA, tolère cette pratique en principe contraire à ses propres règlements afin de préserver l’« attractivité » des clubs. A leurs risques et périls.
La holding Eagle Football Group du milliardaire états-unien John Textor a ajouté, en 2022, l’Olympique lyonnais (OL) à un portefeuille d’équipes au Brésil, en Belgique, aux Etats-Unis et en Angleterre. Faisant les frais d’une politique sportive incohérente et de la liquidation d’actifs majeurs, l’OL s’est retrouvé cet été au bord la relégation administrative.