Comment vous convaincre de consacrer à Nos soirées un nombre non négligeable des vôtres ? Vous persuader de rester à distance des notifications en tous genres et de mettre sur pause la série en cours, le temps de lire ses plus de 600 pages composées en caractères serrés ? D’autant que, il n’est pas question de mentir, le magnifique septième roman (le cinquième traduit en français) du Britannique Alan Hollinghurst ne vous tiendra pas en haleine par son suspense ou ses retournements de situation. Son épisode le plus spectaculaire, qui surgit dans les dernières pages, ne constitue pas la péripétie la plus réussie du livre.

Alors, quoi ? La grandeur de Nos soirées est affaire, pour l’essentiel, d’infiniment petit. Le roman retrace, sur le mode des Mémoires, une vie d’homme. Et c’est la vie même que l’auteur réussit à y faire crépiter par son éblouissant sens du détail. Par sa capacité à restituer des sensations minuscules – ainsi « un fourmillement d’inadéquation descendant le long de mes bras jusqu’à mes mains inoccupées » –, à évoquer avec la même précision extrême les puissants élans, désirs et sentiments qu’éprouve Dave, son narrateur, et les presque riens qui le traversent. Capturer l’insaisissable, attraper dans sa multiplicité fugitive ce qui fait la texture des jours, mesurer l’infinité de mots que peut recouvrir un silence ou un geste… Ce sont là quelques-uns des indépassables pouvoirs de la littérature, dont chaque page ou presque de Nos soirées semble à la fois une démonstration et une célébration.

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