Le sprinteur américain Fred Kerley, champion du monde du 100 m en 2022 et actuellement sous le coup d’une suspension provisoire pour ne pas s’être présenté à plusieurs contrôles antidopage, a choisi de participer aux futurs Enhanced Games, ont dévoilé les organisateurs, mercredi 17 septembre. Lors de cet événement, les substances améliorant les performances seront autorisées.
La première édition des Enhanced Games (« jeux améliorés »), soutenu par un fond avec lequel Donald Trump Jr est associé, doit avoir lieu fin mai 2026 à Las Vegas (Etats-Unis). Les participants seront autorisés à consommer des « substances qui améliorent la performance », en suivant un protocole « sûr, légal et guidé par la science », affirment les organisateurs. Fred Kerley est le premier grand nom de l’athlétisme à rejoindre les Enhanced Games.
« Le record du monde a toujours été l’objectif ultime de ma carrière », a justifié l’Américain de 30 ans, dans un communiqué. Double médaillé olympique sur 100 m (argent en 2021 à Tokyo et bronze en 2024 à Paris), il se dit prêt à « repousser [ses] limites pour devenir l’humain le plus rapide de l’histoire ». Fred Kerley pourrait remporter le bonus d’un million de dollars (environ 845 000 euros) promis à l’athlète qui battra la meilleure marque mondiale sur 100 m, 9 s 58, établie par Usain Bolt en 2009. Avant lui, plusieurs nageurs avaient déjà rallié l’organisation, dont l’Australien James Magnussen, le Grec Kristian Gkolomeev ou le Britannique Ben Proud.
L’initiateur de ce projet polémique s’appelle Aron D’Souza. En mai, cet Australien de 40 ans, entrepreneur de la tech, a annoncé le lancement officiel de la première édition des Enhanced Games, dont l’objectif est de concurrencer les Jeux olympiques. La compétition devrait accueillir des épreuves de natation, d’athlétisme et une version repensée de l’haltérophilie.
Les athlètes pourront y consommer des « drogues simples, aux effets connus et documentés depuis des décennies ». De quoi en faire des « superhumains améliorés par la science », selon Aron D’Souza. Le projet a suscité de vives critiques de la part des milieux sportifs et scientifiques, comme l’Agence mondiale antidopage, qui l’a jugé « dangereux et irresponsable », en mai 2024.
En février de la même année, Sebastian Coe, le président de la Fédération internationale d’athlétisme, avait prévenu « les athlètes assez stupides pour y participer », qu’ils seraient « bannis pour un bon bout de temps » de leur sport. A Tokyo mercredi, le Britannique s’est refusé « à en dire plus ». « Nous sommes en plein dans les Mondiaux. (…) Nous verrons cela lorsque ce sera fini », a-t-il sobrement commenté.
Des Mondiaux auxquels Fred Kerley n’a pas pu participer en raison de sa suspension provisoire, annoncée le 12 août par l’Unité d’intégrité de l’athlétisme (AIU). Le sprinteur américain a été sanctionné pour défauts de localisation (il ne se serait pas présenté à plusieurs reprises au contrôle antidopage). Par l’intermédiaire de son avocat, le trentenaire avait immédiatement contesté cette décision, qui le prive de toute compétition d’athlétisme « jusqu’à ce qu’une décision finale soit prise » par l’AIU. Un mois plus tard, il a finalement choisi de rejoindre « les Jeux des dopés ».