Alors qu’il s’apprête à serrer la main du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en visite à Washington, vendredi 17 octobre, pour échanger sur la guerre en Ukraine, Donald Trump prépare une rencontre avec Vladimir Poutine.
Le président américain a annoncé, jeudi, à la surprise générale, qu’un sommet avec son homologue russe aurait lieu « dans les deux prochaines semaines » à Budapest, sans donner guère plus de détails aux journalistes présents à la Maison Blanche. La rencontre a été décidée dans la journée, lors d’une conversation téléphonique entre les deux dirigeants. Sur son réseau Truth Social, Donald Trump a jugé que l’échange avait été « très productif », Moscou parlant d’un entretien « extrêmement franc et empreint de confiance ».
Cette reprise de contact marque un regain de cordialité entre les deux chefs d’Etat, dont la relation s’était un peu rafraîchie depuis leur sommet du 15 août à Anchorage, en Alaska, conclu sans avancées concrètes sur la guerre en Ukraine.
« Nous avons décidé qu’une réunion de nos conseillers de haut niveau aurait lieu la semaine prochaine. Elle sera dirigée par le secrétaire d’Etat Mario Rubio pour les Etats-Unis » dans un lieu encore à définir, a écrit Donald Trump sur Truth Social. « Puis le président Poutine et moi-même nous réunirons dans un endroit déjà convenu, Budapest, en Hongrie, pour voir si nous pouvons mettre fin à cette guerre “sans gloire” entre la Russie et l’Ukraine ».
« Nous sommes prêts ! », a aussitôt commenté sur X le premier ministre hongrois, Viktor Orban, allié du président américain et proche du Kremlin. Vladimir Poutine est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, dont la Hongrie a décidé de se retirer. Ce retrait sera effectif le 2 juin 2026. Viktor Orban avait déjà reçu en avril le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, lui aussi visé par un mandat d’arrêt de l’institution basée à La Haye (Pays-Bas).
Alors que la Russie multiplie les frappes contre les infrastructures énergétiques de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky espère, de son côté, convaincre Donald Trump de renforcer l’armée ukrainienne grâce à la fourniture, notamment, de missiles américains Tomahawk ; ils permettraient de frapper loin à l’intérieur du territoire russe – le BGM-109 Tomahawk vole jusqu’à 1 600 kilomètres, à 880 km/h à quelques dizaines de mètres du sol.
« [Vendredi], une réunion avec le président Trump est prévue, et nous espérons que l’élan pour freiner le terrorisme et la guerre qui a porté ses fruits au Proche-Orient aidera à mettre fin à la guerre de la Russie contre l’Ukraine », a écrit Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux.
« [Vladimir] Poutine n’est certainement pas plus courageux que le Hamas ou tout autre terroriste. Le langage de la force et de la justice fonctionnera forcément aussi avec la Russie. Nous voyons déjà que Moscou se dépêche de reprendre le dialogue dès qu’on parle de Tomahawk », a ajouté le président ukrainien, arrivé jeudi dans la capitale américaine.
Mais Donald Trump s’est montré très prudent quand il a été interrogé, jeudi, sur l’éventuelle livraison de ces missiles de croisière à Kiev. « Nous ne pouvons pas appauvrir [les réserves de] notre propre pays », a dit le républicain, ajoutant : « Nous en avons besoin aussi, donc je ne sais pas ce que nous pouvons faire. »
Lors de son appel avec son homologue américain, « Vladimir Poutine a réitéré son point de vue : les Tomahawk ne modifieront pas la situation sur le champ de bataille mais nuiront considérablement aux relations entre nos deux pays. Sans parler des perspectives de règlement pacifique » en Ukraine, a fait savoir Iouri Ouchakov, le conseiller diplomatique du chef du Kremlin.
Dès son retour au pouvoir, Donald Trump a rompu l’isolement dans lequel les puissances occidentales maintenaient Vladimir Poutine depuis le début de la guerre en Ukraine. Il a aussi remis en cause l’aide militaire accordée à l’Ukraine par Washington pendant la présidence de son prédécesseur démocrate, Joe Biden, allant jusqu’à rudoyer publiquement Volodymyr Zelensky pendant un extraordinaire affrontement en février dans le bureau Ovale de la Maison Blanche.
Le président américain, persuadé d’avoir une relation privilégiée avec son homologue russe, avait d’abord assuré qu’il pouvait mettre fin au conflit très rapidement, avant de concéder que l’exercice était plus complexe que prévu. Il a récemment estimé à la surprise générale que l’Ukraine pouvait remporter la guerre.