« Mes enfants étaient plus beaux que la Lune. Vous voyez la Lune ? Ils étaient plus beaux. »Au téléphone, Haitham Salem répète cette phrase toutes les quelques minutes et sanglote. Sa vie est un cauchemar. Il croyait à la joie de retrouver son épouse et leurs enfants, à sa sortie de prison, cette joie qui lui avait permis de tenir onze mois de détention arbitraire dans les prisons israéliennes, où il a été victime des pires sévices.
Enfin libre, il découvre qu’ils ont tous été tués le 9 septembre, près d’un mois avant sa libération, dans la ville de Gaza où l’Etat hébreu a déployé un arsenal inédit, détruisant la majeure partie de la cité. Alors que les bus du Croissant-Rouge arrivent lundi à Khan Younès, où la foule s’agglutine pour accueillir près de 2 000 personnes libérées dans le cadre de la première phase de l’accord Trump, et que les embrassades et accolades commencent, Haitham apprend la tragique nouvelle. Les images poignantes de lui hurlant, pris de convulsions à l’annonce de la mort de sa famille, ont fait le tour des réseaux.
« Ils étaient tous en joie autour de moi à enlacer leur famille, et moi je n’ai plus personne. Mes enfants, c’était tout pour moi. J’ai tout donné pour eux. Et j’aimais tellement ma femme, on était si heureux ensemble… Quelqu’un peut-il me dire de quoi ils sont coupables ? Pourquoi on me les a pris ? Et moi, pourquoi suis-je en vie ? J’aurais préféré passer ma vie en prison plutôt qu’ils ne meurent. » L’homme de 32 ans est inconsolable. Ce vendredi 18 octobre, sa fille Layane aurait fêté ses deux ans. Il lui avait confectionné un bracelet en prison avec des morceaux de pain séché. Barra, son fils, avait 8 ans, et Aman, 5.