Chez Bill Plympton, les objets ont des pouvoirs magiques, les animaux ont des yeux caméra et les femmes ne sont pas que des vamps. Duel à Monte-Carlo del Norte, huitième long-métrage du réalisateur de films d’animation né en 1946, n’échappe pas à la règle. Mais le cinéaste new-yorkais multiprimé se renouvelle avec un western dessiné au stylo à encre, peu coloré, loin de l’esthétique acidulée de ses films culte, avec ses personnages étirables comme des chewing-gums – Your Face (1987), nommé aux Oscars, How to Kiss (1989), 25 moyens d’arrêter de fumer (1989), Les Mutants de l’espace (2001), grand prix à Annecy, Les Amants électriques (2013), etc.
Le western s’ouvre depuis l’œil d’un vautour, en plein vol, scannant la terre aride comme un drone. Un cow-boy solitaire et déshydraté passe par là, quand soudain des trombes d’eau se transforment en typhon, l’emportant lui et son cheval. Le gris-bleu s’engouffre dans l’écran, chassant les tons sépia des premiers plans. Bienvenue dans l’Oregon (où a grandi Plympton), sa musique country (que le cinéaste écoutait avec son père), ses pluies diluviennes, ses forêts et ses arbres très pratiques pour y pendre l’ennemi.