Du peintre Yan Pei-Ming, qui est né à Shanghaï en 1960 et vit en France depuis 1980, les sujets et le style semblaient désormais connus. Pour les premiers, la tête de Mao Zedong dessinée d’après les images officielles, des autoportraits, des portraits – dont ceux de ses parents – et de nombreuses reprises d’œuvres célèbres de Velazquez, de David, de Goya et d’autres maîtres. Pour le second, les grands formats, des gestes amples pour faire surgir les figures dans la matière, les grisailles et des variations sur peu de couleurs, dont le rouge.

Qui ira voir ses œuvres les plus récentes sera donc d’abord déconcerté. Il reste la peinture en grisaille, quoique souvent traversée de nuées colorées, mais Ming prend le risque d’expérimenter des sujets qu’il n’avait pas traités jusqu’alors et d’avancer une réflexion de moraliste sur les relations entre l’animal et l’humain. Plus des deux tiers des toiles ont, en effet, pour sujets lionnes, lions et singes. Les autres sont des autoportraits, les uns de petite taille, d’autres monumentaux.

Les félins habitent des paysages vides et nus. Ils sont immobiles ou en mouvement, solitaires ou en groupe. Ming ne se mesure ni à Rubens ni à Delacroix. En traitant ces scènes dans des nuances de gris pâles, il leur ôte ce qu’elles pourraient avoir d’exotique ou de tragique. Il les neutralise et rend d’autant mieux perceptible ce qu’elles ont de stéréotypé, d’une part, et de symbolique, de l’autre. Ces fauves sont les emblèmes habituels de la puissance, raison pour laquelle tant de civilisations, dont celle de la Chine ancienne, leur ont consacré tant de sculptures et de peintures.

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