Martine Vassal, présidente divers droite du conseil départemental des Bouches-du-Rhône et de la métropole Aix-Marseille Provence (AMP), a annoncé, samedi 13 septembre, sa candidature aux élections municipales de la deuxième ville de France, qui avait basculé à gauche en 2020.
« Marseille je t’aime et je serai candidate aux élections municipales », a-t-elle déclaré en clôture d’une manifestation politique locale qui réunissait des mouvements locaux de droite et du centre devant quelques centaines de personnes. « Nous sommes prêts à reprendre cette ville aux mains de cette gauche » qu’elle qualifie « d’islamo-gauchiste » et qui, selon elle, « dilapide l’argent ». En 2020, le Printemps marseillais, union de la gauche, écologiste et citoyenne avait réussi à ravir la ville à la droite, après 25 ans de règne de Jean-Claude Gaudin (LR).
« Aujourd’hui c’est un jour particulier parce qu’il y a six ans je me lançais dans la bataille des municipales et c’est vrai qu’à l’époque les choses étaient bien différentes et il nous manquait un phénomène fédérateur, cette union », a-t-elle souligné.
Symbole s’il en fallait de cette union travaillée depuis plus d’un an : les présences de l’ex-secrétaire d’Etat et proche du couple Macron Sabrina Agresti-Roubache et de la sénatrice Les Républicains (LR) des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer. « C’est comme dans un couple : on n’est pas toujours d’accord sur tout mais l’important c’est de construire ensemble », a-t-elle lancé. « On ne peut gagner que si on additionne », avait lancé à la tribune juste avant le président Renaissance Renaud Muselier de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Dessinant déjà ses propositions, cette ex-cheffe d’entreprise âgée de 63 ans a fait de la sécurité et de l’économie ses priorités. Dans un discours très droitier, cette ex-LR qui se présente désormais comme divers droite a estimé qu’« on peut être attaché à l’ordre, au respect à l’autorité sans être d’extrême-droite ». Avant de promettre, si elle était élue en mars 2026, un arrêté anti-mendicité, le renforcement de la police municipale et de la vidéo-protection.
Marseille sera un point chaud des municipales où le maire divers gauche sortant Benoît Payan n’a pas encore annoncé officiellement ses intentions. Elle est donc la deuxième candidate sérieuse, et la première femme, à se lancer dans la course après le député Rassemblement national des Bouches-du-Rhône Franck Allisio.
Parallèlement, la candidate est confrontée à une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, trafic d’influence et corruption. La procédure a été ouverte en février 2025. L’enquête, confiée à la section économique et financière (Ecofin) de Marseille, découle d’un signalement adressé à la justice par un ancien directeur de services du conseil départemental, Erwan Davoux, en janvier 2025. Un article du Nouvel Obs du 21 août dernier a rendu public l’existence de ce courrier, adressé séparément au procureur national financier et au parquet de Marseille, dans le cadre de l’article 40 du code de procédure pénale.
Erwan Davoux, haut fonctionnaire notamment passé par l’UMP et la région Ile-de-France, y détaille à l’attention de la justice une série de faits présumés illégaux qu’il dit avoir pu documenter dans l’exercice de ses fonctions : des voyages à l’étranger payés par la collectivité dont il remet en cause l’intérêt public, une gestion qu’il estime clientéliste et communautaire des subventions départementales et surtout l’emploi, comme directeur de cabinet de la présidente, d’un collaborateur qu’il présente comme le concubin de Martine Vassal. Un dernier fait contraire à la loi, qui proscrit l’embauche par un élu local d’un membre de sa famille et par extension de son conjoint, partenaire lié par un pacte civil de solidarité (PACS) ou concubin.
Face aux accusations à très large spectre d’Erwan Davoux, l’avocat de la collectivité, Pierre Bruno, a évoqué « un lanceur de rumeurs, plus qu’un lanceur d’alerte », qui agit, selon lui, « pour se venger d’avoir été viré ». Dans un long communiqué diffusé à la presse, la collectivité a répondu point par point aux différents éléments soumis à la justice par Erwan Davoux. Elle a justifié les voyages à l’étranger dont les coûts s’étalent entre 36 000 et 133 000 euros, par une volonté de « renforcer la coopération décentralisée, de valoriser le territoire [des Bouches-du-Rhône], et de développer des partenariats », et assumé ses choix politiques concernant les subventions, qu’elle dit attribuer « sans discrimination géographique ou communautaire ».
Quant au directeur de cabinet de la présidente du département, il n’est « ni marié, ni pacsé, ni concubin de Mme Vassal », a affirmé Me Bruno. « Ils ne vivent pas sous le même toit, n’ont pas d’intérêts communs, ne déclarent pas leurs impôts ensemble. Le reste ne rentre pas dans le champ de la loi et relève de leur vie privée », a ecnore défendu l’avocat. Autant d’éléments sur lesquels la justice a toutefois décidé d’enquêter.