Chantal Thomas, écrivaine : « L’âge m’a éloignée du sexe et des jouissances directes, mais il a renforcé ma conscience du plaisir »

Universitaire et écrivaine, Chantal Thomas a été révélée au grand public avec Les Adieux à la reine, en 2002 (Seuil), adapté au cinéma par Benoît Jacquot en 2013. Spécialiste du XVIII? siècle, elle alterne romans historiques et essais, sur son enfance à Arcachon (Gironde), la liberté, la nage, la souffrance, ou encore sur Sade, Casanova et Marie-Antoinette. En janvier 2021, elle a été élue à l’Académie française. Elle a 79 ans.

Je ne l’envisage pas. En fait, je n’ai pas de sens de l’avenir – et donc, non plus, de la fin de l’avenir. Je ne peux pas tellement me représenter les choses à l’avance. Je ne sais pas d’où ça vient. Si je pars en voyage, il m’est difficile d’imaginer le retour. Je suis toujours stupéfaite quand il faut que je refasse mes valises.

Je pense que c’est en partie dû au fait que mon père est mort très jeune, à 42 ans, et que je l’ai vécu comme une catastrophe, qui ne s’inscrivait pas du tout dans une progression normale dans les âges de la vie. Ensuite, comme les gens de ma génération, j’ai connu le traumatisme de l’épidémie de sida. J’ai vu mourir de cette façon plus de gens jeunes que de gens âgés. Je ne lie pas la mort à l’âge, mais bien plus à quelque chose qui vous tombe dessus.

Non, mais il m’est arrivé un double malheur qui m’a fait un effet terrible. Il y a deux ans, en allant au Japon, j’ai attrapé le Covid, puis j’ai eu une sciatique dont j’ai mis de longs mois à guérir. C’était la première fois que je voyais l’horizon se refermer, que j’étais limitée. J’ai cru que je ne m’en sortirais jamais. J’étais abattue. Je ne pouvais pas croire que j’allais de nouveau marcher sans souffrir.

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