La course au cœur artificiel, lancée dans les années 1960, se poursuit aujourd’hui. Parmi les concurrents du futur se trouve un dispositif métallique, en titane, le Bivacor. Une rupture technologique radicale. Car ce cœur ne ressemble plus du tout à un cœur. Son créateur, Daniel Timms, un ingénieur australien dont le père souffrait d’insuffisance cardiaque, a imaginé une prothèse à flux continu, sans pouls. Il s’est associé au Texas Heart Institute, à Houston, référence mondiale de la chirurgie cardiaque.
L’ambition est claire : développer un cœur artificiel permanent. « Les prothèses flexibles comme celle de Carmat, avec des valves qui s’ouvrent et se ferment, battent un million de fois par semaine. L’usure est inévitable. Le Bivacor n’a qu’une seule partie mobile : un rotor en suspension dans un champ magnétique », explique William Cohn, chirurgien cardiothoracique au Texas Heart Institute et directeur médical de Bivacor.
Les cinq premières implantations ont été réalisées en 2024 à Houston, dans un premier temps chez des patients en attente de transplantation, qui ont gardé leur cœur artificiel jusqu’à un mois, avant de recevoir une greffe. Une autre a été réalisée en Australie, où le patient a vécu avec le dispositif trois mois et demi avant la transplantation. Après l’analyse des premiers résultats, la Food and Drug Administration a autorisé la poursuite des implantations sur 15 patients.
Le cœur Bivacor est plus petit que ceux de Carmat et de SynCardia ; il pourrait s’adresser à un plus grand nombre de patients, notamment des femmes et des adolescents. « Passer au flux continu, avec un champ électromagnétique, diminue considérablement la consommation d’énergie, observe Erwan Flécher, chirurgien cardiaque et professeur au CHU de Rennes. Cela permet une autonomie plus longue, qui pourrait durer toute la journée. » « Cela semble être un dispositif intéressant. Mais il faudra être attentif aux complications d’hémorragie qui peuvent être associées au flux continu », estime André Vincentelli, chirurgien cardiovasculaire et professeur au CHU de Lille.