Reliés par un fil invisible, les trois hommes se tenaient à bonne distance les uns des autres, mercredi 10 septembre, dans la cour de l’hôtel de Matignon : sur le perron, Sébastien Lecornu, auquel François Bayrou venait de passer le flambeau de chef du gouvernement. Parmi les ministres, Gérald Darmanin, garde des sceaux démissionnaire, ami de vingt ans de celui qui était jusque-là ministre des armées. A quelques pas, Thierry Solère, « compagnon de route » du nouveau premier ministre, et principal artisan de son ascension. Un trio qui, en huit ans, a su gagner la confiance d’Emmanuel Macron. Une bande qui s’est installée au cœur du pouvoir et constitue désormais le premier cercle du président de la République.
Rien ne pouvait laisser prévoir, en 2017, une telle montée en influence. A l’automne 2016, les trois hommes, amis depuis l’université d’été de l’UMP de La Baule (Loire-Atlantique), en 2005, occupent des postes-clés dans la campagne présidentielle de François Fillon, aux côtés d’un certain Bruno Retailleau, qui coordonne la campagne : Lecornu est directeur adjoint de la campagne, Darmanin secrétaire général adjoint du parti Les Républicains (LR), Solère porte-parole du candidat. En mars 2017, l’affaire Pénélope Fillon met brutalement fin à l’aventure : tous trois claquent la porte au lendemain de la mise en examen du candidat LR, dans le sillage de Bruno Le Maire et d’Edouard Philippe.